Isidora Spielmann

Il y a toujours eu un carnet de croquis près de moi, des stylos, des couleurs.
Grandir à Vienne, près de la forêt viennoise, m'a offert une source d'inspiration et des matériaux naturels pour laisser mon cœur et mes mains créer.

J'ai choisi le design de vêtements comme carrière et obtenu le diplôme de « Maître en Haute Couture ». Cela m'a appris que je pouvais essayer presque tout. Nous fabriquions non seulement des vêtements, mais aussi des chapeaux, des ceintures, des sacs à main, et même une paire de bottes en cuir. Pendant quelques années, j'ai travaillé comme créatrice de patrons dans des maisons de mode en Autriche, en Israël et en Allemagne.

Après m'être installée au Canada, j'ai lancé ma propre ligne de vêtements et étudié pour obtenir un diplôme en design graphique. J'ai appris à sculpter le béton, à tresser des paniers en osier et en herbe de mer, et à écrire des essais et des poèmes. Puis, j'ai découvert la poterie. J'ai adoré la possibilité de raconter des histoires visuelles à travers ce médium sculptural.

Je suis ensuite revenue au textile, inspirée par un projet que j'ai été engagée pour diriger : créer un dîner entièrement en textile, en collaboration avec un groupe d'artistes neurodivergents. Nous avons continué pendant plusieurs années, confectionnant des costumes et des accessoires souples pour leurs productions théâtrales.

Lorsque la Covid a bouleversé le monde, je me suis retirée dans une cabane en pleine forêt et j'ai commencé à feutrer. La laine se prête magnifiquement à la représentation de la nature et des créatures qui y vivent.
Je feutre des paysages, des oiseaux, des animaux, et des personnes qui ressentent de la joie en interagissant avec leur environnement. Être pleinement présent, pleinement vivant, pleinement éveillé pour participer à la vie.

Marchez dans les bois et observez la nature se déployer. Asseyez-vous tranquillement et contemplez les nouvelles pousses qui traversent la terre, apportant une flore et une faune inédites pour remplir la forêt. Le cycle de la vie : la nature est en mouvement constant, va-et-vient, changeant sans cesse, échangeant mouvement et immobilité, respirant, inspirant et expirant. L’ancien et le nouveau, le mort et le frais, côte à côte, entrelacés, se donnant mutuellement un but et une force.

J’utilise principalement de la laine provenant de différentes races de moutons. La longueur des fibres, leur ondulation, leur solidité et leur capacité à absorber les teintures offrent une variation bienvenue de textures et de couleurs. La soie et parfois le coton viennent également enrichir mes créations. Lors de mes promenades dans les bois et le long des plages, je découvre des trésors comme des coquillages, des pierres, du bois flotté et même des bois de cervidés, que j’intègre pour raconter mes histoires.

Avec mes œuvres, j’essaie de transmettre des instants de cette expérience au spectateur. Des moments qui l’impliquent, éveillant un sentiment de participation à cette démonstration de la vitalité palpitante de notre planète.