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Sylvie Pilotte
L'exposition Cornu copiæ :
Explorant notre relation avec l'objet en contexte de surconsommation, Cornu copiæ est un projet d'exposition qui réunit une série d'œuvres majoritairement sculpturales relevant d'un assemblage d'objets usuels récupérés, de dessins, de photomontages et d'éléments textuels connotatifs où se mélangent l'anglais et le français à la manière du cadavre exquis surréaliste. Il pose un regard critique sur l'évolution de ce rapport qui unit l'être humain consommateur et ce qui est laissé derrière les produits de consommation courante, soit les emballages, les déchets et les surplus, et s'attarde aux nombreux paradoxes qui marquent ce rapport en proposant une personnification multiple de la surconsommation qui abrite en son sein l'humain en état de servitude face à l'objet censé le servir.
Dans la foulée d'une prise de conscience de ce rapport ambigu et complexe, divers matériaux industriels ont été amassés sur une année avec la collaboration de mon entourage, recyclés puis convertis en un langage visuel rappelant certaines habitudes de consommation. Les œuvres issues de ce processus mettent en scène des consommateurs consumés par un système de production qu'ils ont eux-mêmes créé en réponse à un mode de vie nécessitant une surexploitation de ressources naturelles qui fragilise l'équilibre de l'écosystème dont ils font partie. L'apparition de la covid-19 en serait d'ailleurs la démonstration1. N'ayant de cesse de s'approprier du territoire, l'humain devient alors dans mes œuvres une espèce invasive au service d'une économie qui lui promet une vie meilleure par l'entremise de publicités qui véhiculent des idéaux difficiles à atteindre. Aussi, les figures humaines de mon projet représentent-elles la désillusion et l'aliénation sociale que suscite l'échec de la surconsommation à assouvir des désirs toujours grandissants.
Biographie :
Sylvie Pilotte est une artiste multidisciplinaire qui s'intéresse aux comportements collectifs en lien avec nos valeurs sociales. Sa pratique prend racine dans le nord du Nouveau-Brunswick après s'y être établie en 2011 et tend vers les projets de formes hybrides, l'installation et le multimédia. Elle est plus d'une fois bénéficiaire de bourses qui soulignent l'excellence de son travail et ses œuvres font partie de collections publiques et privées. Originaire du Québec, elle détient une formation en arts graphiques qui influe sur l'esthétique de ses œuvres.
Démarche artistique :
Considérant qu'un système capitaliste et patriarcal tire les ficelles d'une société axée sur l'image, je privilégie une esthétique anarchique, créée à l’aide d’agencements incongrus de matériaux fragmentés en rupture avec leur contexte original. Dans un processus de création basé sur l'improvisation, les fragments sont sélectionnés pour leur suggestivité puis collés.
Rappelant le « copier-coller » en informatique, cette technique d'emprunt et de déconstruction rejoint ainsi une symbolique de reproduction, de multiplication et d'abondance associée à la surconsommation. Le recyclage est inhérent à ma démarche et soutient une idéologie de décroissance sur le plan économique et social. Les vieux magazines constituent mon principal matériau. Les images qu'ils projettent du bonheur et de la réussite sociale sont déconstruites au sens propre comme au figuré afin de créer de nouvelles représentations qui me paraissent plus conformes à la réalité.
Dans cet ordre d'idées, je m'intéresse davantage aux individus marginalisés que je laisse souvent inachevés pour mieux refléter leur vulnérabilité et dont j'interroge le mode de vie par le biais d'objets trouvés et du photomontage noir et blanc ou couleur qui me permet de sonder les valeurs du passé pour mieux comprendre celles du présent.
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04 juillet 202417h